Poésie d'Henri Merle Au bar de la Marine
AU BAR DE LA MARINE
Au Bar de la Marine, y’a mêm’ pas de marins…
Au Bar de la Marine, pas même l’ombre d’un…
Et au Bar d’la Marine, pourquoi qu’y aurait des marins ?
Vu qu’y-a mêm’ pas la mer dans ce foutu pat’lin ?
Du Bar de la Marine l’on ne voit que la terre,
Des champs qui nous chagrinent de tout’s leurs pomm’s de terre.
Du Bar de la Marine ne pointe qu’un clocher
Où l’curé grise mine prie un dieu fatigué.
Et du Bar d’la Marine, tu songes à d’autres cieux,
Aux îles mandarines entourées de flots bleus.
Toi, tu rêves aux corsaires, de voiliers, de bateaux,
Aux esclaves berbères, aux épices, aux joyaux.
Mais l’Bar de la Marine, c’est un triste vaisseau
Sur l’océan-chopine où tangu’nt les alcoolos.
Leur île, c’est la vinasse, leur Pérou est pernod
Et toi tu t’emputasses Trottoir d’Eldorado.
Et tu te coules l’âme, te chavires le cœur
A attiser des flammes, à arroser des fleurs
Au Bar de la Marine où tu sers aux marins,
Où tu sers la marine, O le foutu destin !
Et Bar d’la Marine, c’est d’là que je t’écris.
Du Bar de la Marine où du Bar de la Vie.
Et au Bar d’ la Marine je suis un faux marin,
Mais tu es ma marine et toi tu le sais bien.
Au Bar de la Marine, y ’a mêm’ pas de marins…
Au Bar de la Marine, pas même l’ombre d’un…
Et au Bar d’la Marine pourquoi qu’y aurait des marins ?
Vu qu’y-a mêm’ pas la mer dans ce foutu pat’lin ?
Henri Merle
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