Un article de Mamie Hiou," Les mots"

LES MOTS

Les mots nous parlent, nous caressent et nous enchantent, ou nous blessent et nous torturent. Nous pénétrons dans leur mystère, nous les manipulons, nous les interprétons, nous les enrichissons de nos émotions, nous les faisons nôtres ou nous les fuyons.
Les mots sont vivants, ils exaltent notre esprit ou nous abaissent. Ils nous chuchotent des choses étranges. Ils sont de ce monde et nous entraînent dans tous les mondes possibles.

Les mots des uns ne sont pas ceux des autres.

Ils ne résonnent pas de la même façon dans nos cœurs et dans notre esprit, dans notre mémoire et dans nos rêves. Tel mot qu'on prononce n'est pas compris avec le même sens que celui qui l'entend à tel point qu'il engendre parfois malentendus, imbroglios, déceptions, rancune et querelle.

De tous les mots que nous avons rencontrés dans des situations particulières, il est est quelques-uns attachés à l'émotion ressentie dans cette circonstance, si lointaine soit-elle. Si quelqu'un le prononce devant nous, il s'étonne que nous puissions lui prêter un sens qu'il ne connaît pas et voilà que nous réagissons d'une façon qui nous surprend nous-mêmes soit que nous éprouvions une sensation délicieuse à l'entendre, soit qu'il nous mette mal à l'aise, sans que nous soyons toujours capables, consciemment, de trouver une explication, si tant est que nous voulions la chercher.

Tel mot que j'aime, vous le haïssez. Tel autre que j'abomine, vous vous en gargarisez.

Nos souvenirs les ont déformés, embellis ou maltraités, abîmés ou cristallisés. Ils sont le reflet de nous-mêmes. Sans eux que serions-nous ?

Un mot souvent bien doux à notre oreille, l'entend-on prononcer avec une intonation particulière qui traduit le dédain, la raillerie, l'amertume, le voilà tout à coup vidé de la douceur qui lui était coutumière ; et il devient une arme, une flèche acérée qui nous transperce.

Il n'est pas de jours qu'on entende ici et là les discours des uns moqués par les autres, où la moindre petite phrase est relevée en mauvaise part. Et les médias en font des gorges chaudes, s'en donnent à coeur joie, en font leurs choux gras.

Heureux celui qui a la maîtrise des mots qu'il prononce, celui qui aisément s'exprime, celui dont l'éloquence est admirable. Il peut se mettre au service de grandes choses si son coeur est pur ; mais malheur à celui qui use de son talent pour entraîner les foules dans le mensonge et l'erreur.

Sur mon blog : De la rhétorique - De l'éloquence - De la langue de bois - Des périphrases - Appeler un chat un chat

Les mots de notre langue ne contiennent pas les mêmes sens ni les mêmes symboles lorsqu'on les traduit dans une autre langue. C'est pour cela que traduire est un exercice bien difficile.

PAIN
Essayons de faire le tour du mot PAIN par exemple. Cherchons sur la toile la symbolique de ce mot. On trouvera une multitude de sites qui se sont appliqués à faire des listes de citations, de proverbes, de passages littéraires divers qui l'illustrent. Une richesse immense. Mais si l'on veut chercher le mot traduit en d'autres langues, il nous révèlera tout autre chose, et nous serons étonnés d'y découvrir des symboles dont nous n'avons pas la moindre idée.

Outre les symboles qui nous viennent immédiatement à l'esprit, celui du travail des hommes, celui de la convivialité et du partage, le symbole christique, il en est beaucoup d'autres qui appartiennent à toutes les époques et à tous les pays, l'Égypte antique, le judaïsme, Rome (« Du pain et des jeux » Panem et circenses - Juvenal) etc.
« Parce qu'il est un aliment qui se partage, le pain est par définition symbolique, le mot symbole signifie étymologiquement "mettre ensemble", "joindre", "échanger. Le pain est davantage porteur de sens que de connaissances. » 

Anthropologie des mangeurs de pain - Abdallah Gnaba, 2011

« Au fil des siècles, le pain devient une dimension symbolique importante: il symbolise le sacré, la justice, la stabilité, mais aussi de travail. » La symbolique du pain.
http://www.pain-tpe.sitew.com/La_symbolique_du_pain.S.htm#La_symbolique_du_pain.S

« De 1789 à l'intifada égyptienne, le pain reste le symbole de la contestation sociale. »
« Les enjeux de cette "mystique" sont autrement explosifs en Egypte, où elle s'épanouit pleinement ces jours-ci. Comme en Tunisie, où, dans les manifestations de la révolution dite de jasmin, on brandissait des pains - toujours signe d'une sévère réprobation sociale -, en Egypte le pain est très présent dans le répertoire de l'action collective. Au pays des Pharaons, ce n'est pas un fait nouveau. En 1977, déjà, de façon spectaculaire, et encore en 2008, les émeutes du pain ont ébranlé le régime. »
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/02/07/de-1789-a-l-intifada-egyptienne-le-pain-reste-le-symbole-de-la-contestation-sociale_1476296_3232.html

CHARITÉ
Il est étonnant de lire combien ce mot peut avoir d'acceptions, comment il est diversement vécu, jusqu'à devenir aujourd'hui pour certains parfois insupportable à prononcer, tant il véhicule d'images qui peuvent étonner.
Peut-être que ceux qui détestent le mot CHARITÉ ne savent pas ce qu'il veut dire ou qu'ils répugnent à vouloir le bien d'autrui.
J'ai entendu quelqu'un dire détester le mot CHARITÉ qui est le nom d'une magnifique vertu théologale.

Les Français sont charitables - Le montant annuel des dons en France est estimé à 3,8 milliards d’euros. 
Recherche et solidarité 21-11-2012

A-t-on peur des mots ?
On ne dit plus oeuvres charitables ou oeuvres de charité, mais oeuvres caritatives.
Article à retrouver dans le blog de mamiehiou
http://mamiehiou.over-blog.com/

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