Nouvelle poésie d'Henri Merle, Veuve de guère...
VEUVE
DE GUERE
Son
premier mari, le ballot,
Un
soir, fit trois p'tits ronds dans l'eau...
Le
second, ce pauvre imbécile,
Se
suspendit au bout d'un fil.
Si
le troisième consentit
A
trépasser pour la patrie,
L'dernier,
sans imagination
Mourut
sous les roues d'un camion...
J'aime
un' jolie veuve de guère,
Guère
écrit avec un seul R,
L'accent
grave sur la voyelle
Pèse
bien peu sur la donzelle
Car
nuit et jour, elle rigole,
Sans
souvenir de ces guignols,
Ceux
qui la prirent dans leurs bras
Avant
l'aller pour l'au-delà.
Ses
pensions, elle les croque,
Au
diable les éconocroques!
Elle
se ruine en noirs dessous,
En
culottes couleur cachou.
Et
cependant, elle pousse un
Très
gros soupir, chaque Toussaint,
Offrant
aux défunts, pathétique,
Quatre
chrysanthèm's en plastique.
J'aime
un'jolie veuve de guère,
Guère
écrit avec un seul R,
L'accent
grave sur la voyelle
Pèse
bien peu sur la donzelle
Car
à chaque heure, elle s'éclate,
Sans
trop penser à ces patates
Qui
l'ont embrassée, caressée,
Avant
soudain de trépasser.
Son
cinquième matou, c'est moi.
Nous
convolons depuis trois mois.
Je
flétris, fane, dépéris...
Serait-ce
la loi des séries?
"Après
toi chéri, plus personne !
C'est
la solitude qui sonne!"
M'a
dit cet ange-sentinelle,
Gardien
des amours éternelles
J'aime
un'jolie veuve de guère,
Guère
écrit avec un seul R,
L'accent
grave sur la voyelle
Pèse
bien peu sur la donzelle...
Je
suis fou de ses yeux qui brillent
Quand
ell'me sert ma camomille,
Son
regard empli de bonté
Ca
met du sucre dans mon thé.
J'aime
un' jolie veuve de guère,
Guère
écrit avec un seul R,
L'accent
grave sur la voyelle
Pèse
bien peu sur la donzelle.
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